Édito Saison 25/26

De l’incertitude au déséquilibre

Ne faire confiance qu’aux artistes, les seuls à savoir transfigurer l’horreur en beauté. *

L’art, la culture et la création sont-ils encore nécessaires ? Aujourd’hui où la pensée est polluée, artificialisée et empêchée et avec elle nos capacités à s’émouvoir, à être, à être relié.e.s entre nous et à la nature. Cette réalité est partagée par tous les acteurs « essentiels » à nos sociétés – dans l’éducation, le champ social, le soin, les sciences… – avec l’intérêt commun comme raison et âme.

Plus que jamais la question des arts et de la culture, de la parole des artistes et des penseurs, est liée à l’époque. Ils sont essentiels parce qu’ils créent les ponts indispensables au vivre-ensemble, façonnent les nouveaux imaginaires salutaires, pourvoient à l’épanouissement individuel, libèrent les horizons obstrués et contribuent à rouvrir des espaces de dialogues entre générations et entre pays.

Contre vents et marées ils confrontent la réalité pour l’interroger, envisagent le futur et réinventent nos interactions. Il faupouvoir continuer à les entendre. Face aux incertitudes de ce monde, des plus banales aux plus inquiétantes, de celles qui aident à grandir à celles qui démolissent, il nous faut résister aux peurs et au repli. Or le spectacle vivant révèle le mouvement, l’émerveillement, la surprise, l’Autre et soi réunis, l’étrange et l’inconnu, l’avenir. C’est son essence, à la fois le carburant et le moteur.

Alors que cherche-t-on ? Que peuton y trouver ? Ce qui fera renaître en nous l’once vitale d’un début de doute. Nous en manquons cruellement aujourd’hui. Quelque chose ou quelque part de l’ordre d’un déséquilibre régénérateur, des à-côtés essentiels à nos vies.

C’est ce à quoi invite la saison du Théâtre du Pays de Morlaix à travers les comédies, les textes, la danse et la musique, avec l’intelligence des artistes et les artifices de la scène. Bienvenue.

Ces corps n’ont pas eu lieu, Ni ces cœurs ni ces nuits / Sans les fleuves de l’émoi, Rien rien ne s’assemble / Il nous faut le partage, Il nous faut l’incendie / Pour que s’amorce la source, Pour que vive la vie. **

*Jean-Paul Montanari (fondateur et directeur du Festival International de Montpellier Danse, décédé cette année)
** Andrée Chedid (dans Vivre)

Axel MANDAGOT, directeur

Jean-François LEON, Catherine L’HOSTIS et Dominique CARAËS, coprésident.e.s